Découvrons l’impact de l’oubli sur l’identité, les attentes sociales et la réalisation personnelle d’Évanouie, le parcours de Dorothée-Myriam Kellou à la recherche de ses origines, l’art de vivre selon Dany Laferrière, la transition du bonheur différé au bonheur immédiat par Luc Ferry, et l’histoire émouvante de Valentin dans ‘Fellini Blues’.
1. Evanouie – Mathilde de Télossie
Évanouie, personnage au prénom étrange et prophétique, a très tôt fait le choix d’une vie guidée par ses obligations sociales et familiales. Mais un jour, le regard des autres qui toute sa vie l’a contrainte, disparaît. Plus personne ne se souvient de la jeune femme, comme si elle n’avait jamais existé.
Si cette situation semble avoir des vertus permettant à Évanouie de se soustraire aux attentes de son entourage, l’accumulation de rendez-vous manqués va peu à peu la pousser dans ses retranchements : sans ce regard, que reste-t-il d’elle-même ? Parviendra-t-elle enfin à accomplir ses désirs dont elle n’osait jusque-là que rêver ?
Un premier roman sur la puissance de l’oubli, dans sa dimension à la fois libératrice et destructrice, qui interroge notre rapport à l’altérité et son importance dans la construction de notre existence.
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2. Nancy-Kabylie, Dorothée-Myriam Kellou
« T’es en quête ! ».
Voilà ce qu’un jour, sa meilleure amie lance à Dorothée Myriam Kellou. De quoi, elle l’ignore. Pourtant tous les indices sont là. Son apprentissage de la langue arabe, son parcours intellectuel, ses voyages, et le besoin de rappeler les origines algériennes de son père. Que sait-elle de sa jeunesse ? Peu de choses. Il l’invite donc à relire un projet de film qu’il lui avait adressé quelques années auparavant. Dorothée y découvre qu’en 1960, son père et sa famille ont été contraints de quitter leur village de Mansourah, où des populations avaient été déplacées sous le contrôle de l’armée française.
Chapitre mal connu d’une guerre sur laquelle beaucoup d’ombres demeurent.
Dorothée Myriam Kellou tente d’y apporter sa part de lumière. De Nancy où elle a grandi, en passant par l’Égypte, la Palestine et les États-Unis, la jeune femme vogue pour mieux s’ancrer. Dans ce livre très personnel, Dorothée remonte le temps, celui où ses parents – Catherine, jeune française en voyage solidaire en Algérie, et Malek, jeune réalisateur algérien aux sympathies communistes -, se sont connus et aimés. L’autrice évoque aussi son enfance, sa double culture, la force et les tiraillements qu’elle engendre. Le poids du silence en héritage : la guerre, les déplacements de population, les camps. Toutes ces vérités qu’on tait, la violence éprouvée quand enfin elles éclatent. Avec son père, Dorothée retournera sur les lieux de cette histoire traumatique : une maison, un arbre, des témoins d’alors la feront resurgir. Père et fille en feront un film, et ainsi, répareront l’oubli.
Enquête, récit intime, réflexion sur l’histoire, la mémoire, l’identité et la transmission, voyage initiatique, hommage au père et à son pays : ce premier texte de Dorothée Myriam Kellou est inclassable et remarquable pour cette raison même. Il tâtonne, interroge, raconte une Algérie tantôt douloureuse, tantôt rêvée, ouvrant la voie de l’apaisement et de la réconciliation.
Dorothée-Myriam Kellou est journaliste et réalisatrice.
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3 . Un certain art de vivre, Dany Laferrière
Un vrai livre de vie, sous forme de maximes commentées.
Voici l’art de vivre de Dany Laferrière.
Sous forme de maximes, de réflexions commentées, de rêveries, cent pages pour devenir soi-même un peu japonais.
« J’ai voulu savoir comment les choses s’étaient passées dans cette vie où je n’ai pas cessé de bouger, souvent malgré moi. Toutes ces villes où j’ai vécu (Port-au-Prince, Petit-Goâve, Montréal, New-York, Miami, Paris, Tokyo), assez pour les intégrer en moi sans devenir sédentaire pour autant. Je suis passé, à peine étonné, du sud au nord, du rhum au vin, de l’été à l’hiver, jusqu’à devenir un cerisier en fleurs. J’ai franchi clandestinement les frontières de classes, de races ou encore celles qui séparent un pays d’un autre. J’ai accumulé diverses expériences au fil des jours ensoleillés ou pluvieux, mais je n’avais pas encore évalué ce parcours.
L’été dernier, j’ai découvert sous forme de réflexions fulgurantes, de haïkus langoureux, de descriptions hâtives d’un lieu, d’une situation ou d’un état d’esprit, ce qui s’était passé dans ma vie durant ce dernier demi-siècle. Lecteur horizontal, j’ai choisi de vivre dans ma baignoire ou dans mon lit sans quitter l’espoir qu’une inconnue frappe à ma porte. Je note que la plupart des gens veulent savoir ce que l’écrivain cache alors que je me contente de ce qu’il tente de me faire voir.
Pour rester dans cette simplicité proche de l’enfance, j’ajouterai que je lis une page les yeux ouverts, pour la repasser dans ma tête les yeux fermés. L’eau chaude de la baignoire me permet de fuguer en regrettant de ne pas l’avoir fait à certains moments comme la fois où j’ai manqué de prendre cette petite route de terre qui m’appelle depuis si longtemps, et cela même si j’ignore où elle me mènera.
J’ajouterai que c’est quand on n’a rien à faire que le temps devient précieux. Mais pensant que la vie est linéaire, je tente vainement d’en sortir en prenant le bon chemin au mauvais moment. Pour finalement comprendre que ces petites notes, comme des touches de couleur, me dessinent un portrait naïf. Ce mince livre m’aura pris plus de temps qu’aucun autre. »… Dany Laferrière
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4. La frénésie du bonheur, Luc Ferry
Du bonheur différé au bonheur immédiat
Philosophe, ancien ministre, Luc Ferry est l’auteur de nombreux ouvrages traduits dans une quarantaine de langues.
« En quelques décennies, alors qu’une autre religion gagnait les quartiers, nous avons vécu en France la déconstruction, puis l’effondrement des deux grandes religions de salut céleste (catholicisme) et terrestre (communisme).
En 1950, plus de 90 % des Français étaient baptisés, ils ne sont plus que 30 % ! 45 000 prêtres diocésains prêchaient dans nos églises, ils ne sont plus que 4 500, tandis que l’électorat communiste passait de 25 % à 2,5 % !
Conséquence : s’il n’y a plus d’après, plus de seconde vie après la mort ou la Révolution, c’est ici et maintenant qu’il s’agit d’être heureux, en quoi nous vivons le passage de l’acceptation d’un bonheur différé à l’exigence du bonheur immédiat. À l’encontre de la leçon du conte, le premier petit cochon l’emporte désormais sur le troisième.
Ce livre analyse les causes (non pas Mai 68, comme on le croit souvent, mais le capitalisme d’innovation, d’hyperconsommation et de rupture avec les traditions), puis les conséquences d’une profondeur abyssale de cette véritable faille dans la civilisation qui touche tous les domaines de nos existences, du rapport au travail (si je n’ai qu’une seule vie, alors on ne touche pas à ma retraite !) à la naissance des métavers, qui prétendent nous offrir une “seconde vie plus réussie”, en passant par l’explosion de la psychologie positive et des théories du développement personnel, qui nous promettent le bonheur ici et maintenant. »… Luc Ferry
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5. Fellini Blues, Jean-Pierre Milovanoff
Le meilleur remède au cynisme de notre temps.
» Tout a été dit et l’on vient trop tard, a dit un auteur mais je croirai plutôt que l’on vient toujours à l’heure où personne ne nous attend à part nos parents ébahis et une vieille sage-femme. Cela s’appelle la vie. On débarque sur un seuil où des gens s’amusent ou se font la gueule, on se mêle à eux un moment, puis l’on se détache du groupe, on cherche ses clés de voiture et l’on part se fracasser loin des regards. »
Valentin, 50 ans, vit avec sa mère. Il a peu lu, alors qu’il travaille comme magasinier dans une bibliothèque, et nourrit un complexe d’infériorité intellectuelle. Il est fin cuisinier et amateur de bons vins. A l’orée du texte, il rencontre par hasard Marc Chalinski, chirurgien ORL. Les deux hommes ont le sentiment d’avoir été condisciples, mais ils ne sauraient dire où… Avant que Chalinski ne meure dans un accident, ils auront eu le temps de nouer un curieux rapport, Chalinski faisant appel à Valentin pour organiser chez lui des repas de fête ou garder sa luxueuse villa en son absence.
La « timidité sociale » de Valentin n’empêche pas certains succès. Des femmes se succéderont dans sa vie. Outre Rose sa mère très aimée et très encombrante, et sa patronne, la tyrannique Mme Angin, il y aura Linda Lopez, étudiante en Lettres, intéressée et perfide ; Gaétane, névrosée ; Manon qui ne songe qu’à « réussir » ; Bettina, ex-femme battue ; et enfin Tancrelle, prof de français dont Fellini est le cinéaste préféré, qui l’aidera à surmonter ses complexes…
Mais le bonheur d’un Valentin métamorphosé peut-il durer ?
Un roman « humain », chaleureux, nostalgique, aussi imprévisible que l’est la vie, aussi guetté par la fin que nous le sommes tous : comme un blues de nos existences trop brèves…
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