‘’Sound of Freedom’’, un film qui résonne à moitié…

Bettina Flores examine le réalisme dans ‘Sound of Freedom’, un film qui plonge dans la traque des réseaux de trafic d’enfants… Et elle donne son point de vue sur la vie politique française.

Un prédateur d’enfants  

    Sound of Freedom (2h11) réalisé par Alejandro Monteverde avec Jim Caviezel dans le rôle principal de Tim Balard, un ex agent fédéral américain infiltré chargé de lutter contre le tourisme sexuel impliquant des enfants, a atteint des records au Box Office à sa sortie en juillet 2023 aux USA. Pourtant, ce film indépendant, tourné en 2018 est resté au fond d’un tiroir pendant cinq ans.

Le projet avait été abandonné quand la Fox International a été rachetée par Disney. C’est finalement, la société de distribution Angel Studios qui a permis sa sortie. Il a rapporté deux cent cinquante millions de USD.

     Le film s’inspire de faits réels en s’appuyant sur la vie de Tim Balard qui fait la chasse aux pédophiles dans son pays, en Californie où il piège un prédateur d’enfants, en se faisant passer lui-même pour un pédophile.

     Cette arrestation l’amène sur la piste d’un jeune garçon, Miguel, enlevé au Honduras par un réseau de trafiquants d’enfants. Naïvement, son père avait accepté de le confier une journée à une femme avec sa sœur aînée, Rocio, pour participer à un casting publicitaire. Revenu le soir pour les chercher, il avait trouvé porte close et la pièce à l’intérieur vide…

Des photos insoutenables

     Tim Balard, après avoir sauvé son fils, promet au père de retrouver sa fille, ce qui le conduira dans la jungle colombienne dans un réseau de narco-trafiquants qui détiennent des enfants, enlevés au préalable dans des pays d’Amérique Latine et maintenus comme esclaves sexuels.

     Le film qui comporte tout de même quelques longueurs, est remarquable de par la justesse du jeu des acteurs, que ce soit Jim Caviezel comme Bill Campi, Cristal Aparicio, Javier Gordino et Lucas Avila, les deux enfants plus particulièrement.

Ce qui m’a impressionnée, c’est la pudeur du réalisateur sur un sujet très dur, cru, violent : aucune image pédophile n’est montrée, même si l’on voit l’ex agent fédéral passer des heures à visionner des vidéos et des photos insoutenables de viols d’enfants pour les retranscrire par écrit sous forme de rapports qu’il envoie à ses supérieurs. 

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     Le film, même s’il dénonce des faits criminels connus depuis bien longtemps et passablement occultés, ne montre que la partie émergée de l’iceberg, essentiellement le trafic en Amérique Latine alors qu’il est mondial (aussi en Europe dont l’Ukraine, une plaque tournante).

Il rapporte cent cinquante milliards de USD par an, bien plus que le trafic de drogue. Cinquante millions de personnes sont victimes de l’esclavage moderne, au-delà de ce qu’il était lorsqu’il était légal aux siècles passés.

Des mâles blancs dominants hétérosexuels

Le film s’en tient aux pédophiles de « base » et aux petits trafiquants qui alimentent les filières mais ne remonte pas plus loin, jusqu’aux puissants qui sont à la tête des réseaux, l’équivalent d’un petit dealer de cocaïne qui ferait un peu de prison avant de ressortir et de reprendre ses activités…

      Le film à sa sortie en France le 15 novembre dernier a été « massacré » par la presse mainstream, qualifié de conspirationniste, de complotiste, d’affilié au mouvement Qanon, d’être d’extrême-droite (il se trouve que Donald Trump l’a apprécié) etc.

Le réalisateur s’est insurgé contre ces accusations : son film est au-dessus des partis politiques, fait l’unanimité dans le camp des conservateurs comme dans celui des démocrates et s’il était conspirationniste cela reviendrait à dire que les millions de personnes qui l’ont vu, le sont également.

     Le sujet n’est pas assez dans l’air du temps avec ses héros, des mâles blancs dominants hétérosexuels… avec pour ne rien arranger, Tim Balard, mormon, père de neuf enfants et Jim Caviezel, conservateur, catholique pratiquant. Bref, rien de très glamour pour l’industrie du cinéma…

     Il fait l’objet d’autres polémiques concernant son financement par de riches et improbables personnalités, que je ne développerai pas faute d’éléments suffisamment concrets.

     C’est un film à voir pour ce qu’il est : bien tourné, bien joué, qui dénonce des faits criminels mais qui ne va pas au cœur du problème qui est la lutte par les états avec des moyens policiers, judiciaires suffisants.

Combien de Lucas et d’Estelle disparaissent tous les ans ?

Trop de notables haut placés, de politiques, sont impliqués dans ces trafics car, eux-mêmes consommateurs d’enfants et d’adolescents… (cf. l’affaire Jeffrey Epstein aux USA).

     L’idée que les pédophiles soient des prédateurs isolés sous prétexte qu’ils passent des journées et des nuits entières collés à leur ordinateur, a bon dos : que ce soit l’affaire Outreau ou Fourniret, la thèse du « loup solitaire » ne tient pas.

Les pédophiles fonctionnent en réseaux et ce ne sont pas les occasions qui manquent sur internet pour « ferrer » de jeunes mineurs.

     Les Pays-Bas ne sont pas en reste non plus avec leur législation ultra libérale concernant la pédophilie. L’hyper sexualisation des enfants n’arrange rien non plus.

     Cela me fait penser à Lucas, un collégien de quinze ans originaire du Gard, qui avait disparu du jour au lendemain en mars 2015 alors qu’il devait se rendre à la piscine municipale en bus. Il n’y est jamais arrivé. Des affiches avec son portrait était collées de partout dans Montpellier. Au fil des ans, elles avaient jauni, s’étaient déchirées, tombaient au sol dans le vent…

Ses ossements ont été retrouvés en juin 2021 à huit cent mètres de chez lui sur une falaise dans la Garrigue, un endroit qu’il connaissait très bien. La police a privilégié la piste de la chute accidentelle. Lucas, bon élève, un adolescent sans histoire, en parfaite santé, n’avait aucune tendance suicidaire…

     Combien de Lucas et d’Estelle disparaissent tous les ans ? 43 000 signalements de disparitions d’enfants ont été faits en 2022 en France, dont 1 140 ont été qualifiées d’inquiétantes (56 % de jeunes filles) ! 

Les crèches de Noël

«Madame 49.3 » a récidivé (22^e à ce jour) sur le budget de la Sécurité Sociale : le compte à rebours pour ce gouvernement ?

Il paraît qu’en France, on a un Parlement avec des députés élus… On a aussi un président sous prétexte d’une remise de prix qui célèbre à l’Élysée Hannouka, une fête juive : pourquoi pas l’Aïd ou la Passion du Christ aussi pendant qu’on y est !

Même le président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a été choqué.

Les crèches de Noël sont interdites dans les lieux publics, à juste titre, par respect de la laïcité inscrite dans notre constitution qui « garantit la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelle que soit leur croyance, la neutralité de l’état à l’égard des religions et le libre exercice des cultes », n’en déplaise aux anti-laïcards qui l’attaquent en permanence et aux laïcards qui la détournent à des fins politiques…

     Bonne fêtes de fin d’année à tous !

     Mes pensées vont tout particulièrement aux Palestiniens musulmans et chrétiens bombardés intensivement depuis plus de deux mois : 18 000 tués dont 8 000 enfants (TFI-LCI, 15 décembre 2023).