GRANDE INTERVIEW - Clara Marchaud : "L’ampleur des violences est massive."

Le riche, le plus fort !

On parle d’immigration.

On parle d’immigration.

On parle d’immigration.

Au fond des choses, si on veut bien se pencher sur la question, si on veut bien regarder, observer minutieusement, on finit par comprendre que l’on ne parle pas de l’immigration, à proprement parler.

À proprement parler, ce n’est pas de l’immigration que les gens parlent. Que les politiques scandent.

Non, ça serait trop facile sinon. Il suffirait de fermer de manière hermétique les frontières et le tout est réglé, ce qui, en passant, est impossible, mais ce n’est pas le sujet ici.

Il s’agit des pauvres. De la manière qu’il faut s’occuper des pauvres. On cache « pauvre », avec « immigration », de peur de choquer et de paraître inhumain.

Oui, la vraie appellation c’est « pauvre » et non pas « immigration ».

On parle surtout des pauvres. Oui, des pauvres. Il s’agit tout le temps des pauvres. Aucun pays ne veut les pauvres des autres, certains pays prennent des mesures drastiques en le cachant derrière la phrase « combattre l’immigration illégale ».

Fort heureusement, il existe encore certains pays dans le monde, où les pauvres des autres viennent se mêler harmonieusement avec les pauvres du pays et cela ne crée aucun scandale…

Je me souviens des paroles de ma grand-mère. Elle disait : « durant les périodes de grande immigration au Cameroun, en pays bamiléké, dès que l’on arrivait dans un endroit, on allait toujours demander refuge chez le pauvre, car il a eu froid dans sa vie, il sait de quoi il s’agit, alors il lui serait difficile de rester insensible en nous refusant refuge ».

Oui, il y avait une certaine solidarité entre pauvres, à cette époque-là, en pays bamiléké.

Si on prend la phrase : « combattre l’immigration illégale », et que l’on se met à la décortiquer, on comprend tout simplement, et tout de suite, qu’il ne s’agit pas de l’immigration en général, mais de ceux qui sont là alors qu’il ne devrait pas être là, c’est-à-dire « les pauvres »…, je m’explique :

– On parle de durcir les conditions d’admission des candidats à l’immigration, mais ce que l’on ne dit pas aux gens, c’est que dans les ambassades, ce sont les pauvres qui se font refuser les visas et jamais les riches.

Le riche demande un visa d’une semaine, pour les États-Unis, on lui donne un visa de 10 ans, pour un séjour valable six mois par an, alors qu’il ne demandait qu’une semaine.

Le pauvre, quant à lui, demande le visa de trois jours pour la France, on le lui refuse.

Et après, on parle de lutter contre l’immigration illégale !

La réalité c’est ça ; c’est ça la réalité !

Il suffit de regarder les pièces qui constituent une demande de visa pour comprendre que tout a été mis en place pour que seul le riche puisse avoir le droit de voyager partout dans le monde.

– On dit qu’il faut rapatrier les sans-papiers, mais le vrai message derrière cela c’est qu’il faut renvoyer le pauvre chez lui, puisque les politiques de régularisation qui sont mises en place par plusieurs pays se basent généralement sur les revenus de subsistance ; on ne dit jamais ouvertement aux gens qu’il suffit d’être riche pour avoir facilement sa carte de séjour.

Oui, on ne dit jamais cela aux gens. Un riche vient dans un pays, il crée une entreprise et embauche les gens, que ça soit en France, au Portugal, aux États-Unis, etc., il est régularisé sans problème.

Dans certains pays, lorsque le riche crée des emplois, on lui envoie son titre de séjour par courrier postal, pour le remercier.

Alors, pourquoi se cache-t-on derrière le mot « immigration », alors que ce n’est pas de cela qu’il s’agit ?

Pourquoi ne pas nommer les choses ?

Le riche, le plus fort !