Arthur Rogé nous parle de son livre Jusqu’au bout de l’océan, publié aux Éditions du Gros Caillou.

Pour aimer le large, au sens d’une grande histoire, il faut être bousculé, renversé
– Arthur Rogé
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Après une carrière dans l’entrepreneuriat, Arthur Rogé se révèle avec Le dernier jour (Prix Canut 2023). Son second roman, Le p’tit mec, confirme son talent.
Êtes-vous prêts à vivre la plus bouleversante des aventures ?
En pleine mer, trois destinées se heurtent.
Alexandre, un fugitif traqué. Samia, une rebelle endurcie par les épreuves. Verchère, un flic qui n’a plus rien à perdre.
L’océan pour seul refuge. Une quête effrénée pour trouver la liberté.
Plongez dans un périple stupéfiant, une odyssée qui se dévore le coeur battant, avec l’envie irrésistible d’en connaître le dénouement.
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INTERVIEW
Que représente l’écriture pour vous sur le plan plus intime, presque philosophique ? Une quête d’identité ? Une résistance à l’oubli ? Ou autre chose ?
Écrire, c’est se faire du bien, être avec soi, seul, et le monde qu’on invente.
C’est aussi vider son sac, et penser au plaisir que quelques lecteurs pourront ressentir avec la lecture du récit. Entrer en « intimité » avec eux.
Mais écrire, c’est aussi souffrir, beaucoup de travail et d’acharnement, d’énergie déployée pour aller jusqu’au dernier mot du roman. Et écrire, c’est laisser une trace.
Quels auteurs, œuvres ou expériences ont influencé votre écriture ?
J’ai été particulièrement marqué par les auteurs du XIXᵉ siècle, Alexandre Dumas et Jules Verne. Et j’ai beaucoup d’affection pour Sagan et Bukowski, et l’alchimiste Paolo Coelho.
L’écriture peut-elle réparer ce qui nous échappe ?
Oui l’écriture peut réparer ce qui nous échappe. Sûrement. Parce que les paroles s’envolent, et les écrits restent. Quand le temps est passé, on se rappelle surtout des choses si elles ont été écrites. Alors, c’est essentiel.
Votre roman parle de routes qu’on prend, de celles qu’on quitte, de celles qu’on retrouve. Pensez-vous que l’on choisit vraiment son chemin, ou que l’on passe sa vie à réparer des trajectoires ?
Je crois qu’on a tous un destin avec des moments clés et des personnes essentielles qu’on rencontrera. Le reste, c’est une histoire de choix. Certains feront les bons, et d’autres les mauvais. Mais rien n’est joué par avance finalement. On peut se tromper dix fois de chemin, de route… Peut-être que la 11ème sera la bonne. Nous ne sommes pas tous condamnés à nous tromper. Chacun va à son rythme, selon les hasards de l’existence. Et les rencontres. Toujours les rencontres. Certaines bouleverseront une vie.
L’histoire de Jean-Tristan, ce père qui écrit en cachette, a une résonance très forte. Vous croyez à l’idée que l’écriture peut réparer ce qui nous échappe ?
Dans ce cadre-là, il écrit pour laisser une trace et surtout rétablir la vérité. La résonance sera énorme. Donc évidemment que l’écriture répare tout. Du moins, elle essaye, en présentant, par les mots, enfin la vérité aux enfants. Elle est là pour réparer un mensonge énorme.
Votre roman s’ouvre sur un quotidien bien ancré, puis bascule vers l’ailleurs, le large. D’où vous est venue cette tension entre l’ancrage et l’échappée ?
Tout simplement parce que je voulais écrire un roman d’aventure… Une maison de campagne paisible… Et après c’est le grand départ et on prend le large. J’aime ces moments calmes, presque doux, avant la tempête, l’aventure. Pour aimer le large, au sens d’une grande histoire, il faut être bousculé, renversé… Et la meilleure façon de se laisser emporter, c’est de se sentir protégé dans un endroit tranquille au départ… Se sentir paisible et bien… Après c’est l’échappée et l’inconnu…
Angèle traverse une rupture amoureuse et un retour aux racines presque simultanément. Est-ce dans l’effondrement que l’on trouve le vrai départ ?
Oui, toujours ! Pour avoir un nouveau départ, il faut des chocs, des moments forts. On ne prend pas de nouveau départ dans la continuité d’une banalité. Ce sont la peur, la souffrance, qui nous font réagir, et se prendre en main.
Georges Verchère fuit sur son bateau, mais il embarque avec lui son passé, son deuil, sa colère. La mer est-elle un refuge ou un leurre dans votre roman ?
La mer représente la vie. Elle est belle et sublime, elle peut devenir folle et furieuse, mais elle invite aussi à l’aventure et au rêve. Et elle sera aussi un refuge, et un leurre à la fois, car où qu’on aille, on embarque toujours avec soi sa douleur…
La mer, dans votre livre, est à la fois un espace de liberté et une menace. La liberté a-t-elle forcément un prix ? Et d’ailleurs, pour vous, c’est quoi être libre concrètement ?
Il y a toujours un prix à payer. Il y a toujours le revers de la médaille. Personne n’échappe à cela. Ça s’appelle la vie. Et selon moi, la liberté, c’est de savoir croire en soi.
L’Atlantique est omniprésent, pas seulement comme décor, mais comme un personnage en soi. Qu’est-ce que cet océan incarne pour vous ?
L’océan représente la force de la nature, une mer à traverser, et est un synonyme de la vie… Et enfin, l’océan est plus fort que l’homme.
Lyon, le Beaujolais, le Cap-Vert… Chaque lieu du roman a une texture, une âme. Votre écriture passe beaucoup par la géographie, c’est conscient ? Comment avez-vous tissé ces strates sans perdre le fil ?
La géographie, comme le temps, est très importante quand j’écris. Ce sont des personnages à part entière, des marqueurs précis de l’histoire. Je connais tous ces lieux. Ils me parlent… Et j’ai d’ailleurs fait le même voyage qu’Alexandre et Samia. Quand j’écris, je dois avoir fréquenté tous ces endroits, me les approprier… Sinon, ça ne marche pas.
À plusieurs moments, vos personnages oscillent entre ce qui est juste et ce qui est nécessaire. L’éthique est-elle une boussole fiable quand on est au bord du précipice ?
L’éthique est une histoire de point de vue et de morale. Tout le monde n’a pas les mêmes… Et au bord du précipice, on fait surtout comme on peut !
Il y a une grande solitude chez vos personnages, même quand ils sont entourés. Vous diriez que la solitude est un choix ou une fatalité ?
La solitude choisie est source de joie, la solitude subie est une fatalité. Mais mes personnages sont en effet des « solitaires », car la vie leur a fait mal, ils ont été cabassés, et ont perdu confiance dans les autres. Cette histoire va leur permettre de se réconcilier avec eux-mêmes, l’amour et l’amitié.
Y a-t-il une scène, un passage, qui vous a particulièrement marqué en l’écrivant, par sa difficulté ou son intensité émotionnelle ?
Oh que oui… À la toute fin… Ces deux mots : Pardon et Merci.
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