Emmanuelle Grondin nous parle de son livre Éducatrice : de A à Z, ou presque !
« L’éducatrice spécialisée aide des personnes en situation de handicap ou en difficulté à devenir autonomes. Avec une double mission : contribuer à leur épanouissement personnel et à leur insertion en société. » (source: onisep.fr)
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Emmanuelle Grondin réside sur l’île de la Réunion. Elle est sophrologue spécialisée dans la gestion du burn-out.
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INTERVIEW
Parlez-nous de vous.
Qui est réellement Emmanuelle Grondin? Comment décririez-vous votre personnalité et vos valeurs ? Quels sont les auteurs ou les penseurs qui vous inspirent le plus ?
Je suis quelqu’un de simple. Je suis une femme qui a envie autant d’être épanouie pour elle-même, qu’en tant que mère. Être un modèle pour mes enfants. Mais, je suis bourrée de contradictions et d’attentes, comme la plupart des êtres humains.
Néanmoins, j’aspire à une vie authentique. Cette authenticité est devenue l’une de mes valeurs premières. J’essaie d’appliquer cette démarche authentique au quotidien, bien que cela ne soit pas toujours facile. Je suis souvent rattrapée par mes conditionnements.
Mes goûts littéraires sont éclectiques. J’aime autant Bernard Werber que Laurent Gounelle, en passant par Maxime Chattam. Mais, je suis bien souvent attirée par la littérature fantastique. Lire pour moi est une évasion, un plaisir pour l’imaginaire, ce n’est pas une démarche à but philosophique.
Pourquoi ce livre et pourquoi maintenant ?
Je crois que ce livre est arrivé maintenant, parce que j’avais la disponibilité d’esprit de l’accueillir. De l’écrire, avec du recul et de la sincérité. Au départ, je voulais seulement laisser une trace de mon vécu. Et puis, ce livre s’est « reposé » pendant 1 an et demie avant que j’ose en faire quelque chose.
Quels ont été les plus grands défis que vous avez rencontrés lors de l’écriture de ce livre ?
Maintenir ma motivation pour aller au bout. Ce qui a toujours été ma grande difficulté. J’écris depuis l’âge de 10 ans, sans jamais vraiment parvenir à aller au bout de mes idées, parce que mon inspiration s’essouffle vite et ma motivation encore plus.
Selon vous, qu’est-ce qui définit une relation humaine, authentique ?
L’honnêteté vis-à-vis de soi-même. Point de départ, à mon sens, d’une relation authentique.
Avez-vous des exemples d’expériences personnelles qui illustrent votre définition d’une relation authentique ?
J’ai surtout des exemples qui illustrent une relation inauthentique, malheureusement. Parce que je me suis longtemps laissée gouverner par mes conditionnements, mon éducation, mes peurs.
Heureusement, cela tend à s’améliorer !
Quelles qualités essentielles doit avoir un bon éducateur spécialisé ?
L’humilité, la capacité de se remettre en question, la prise de distance, la bienveillance.
Du respect pour lui-même, aussi bien pour ses valeurs que ses limites.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite devenir éducateur spécialisé ?
« Es-tu sûr de savoir pourquoi tu veux faire ce métier ? »
Être au clair, en somme.
Quels sont les plus grands défis auxquels les éducateurs spécialisés doivent faire face dans leur quotidien ?
Faire du travail de qualité, sans les moyens, et cela en conservant sa foi dans son métier.
Ne pas oublier l’humain derrière « le cas soc’ » ou « l’handicapé ».
Oser libérer sa parole.
Comment les institutions et la société peuvent-elles mieux soutenir les éducateurs spécialisés dans leur travail ?
Une formation de meilleure qualité, qui va aborder les difficultés du terrain et des techniques de communication non-violente entre autre.
Une meilleure sélection à l’entrée en formation, également.
Une plus grande reconnaissance de la difficulté du métier, et un salaire en conséquence.
Pourriez-vous partager avec nous un moment significatif de votre parcours professionnel qui vous a profondément marqué, en relation bien entendu avec cette œuvre ?
Ce jour, la dernière année d’exercice, où en me rendant en voiture à mon travail, je me suis mise à pleurer au volant. En me répétant d’un air désespéré « je ne veux pas ! Je ne veux pas ! Je ne peux pas ! Je ne veux plus ! ». Je n’ai pas fait demi-tour, j’y suis allée quand même. Mais, j’ai compris ce jour-là que c’était fini pour moi.
Pouvez-vous expliquer comment la sophrologie peut aider à gérer le stress et l’épuisement émotionnel ?
La sophrologie permet avant tout de se reconnecter à soi, de se retrouver. De prendre en compte ses failles et ses capacités, mais surtout ses besoins. Elle réinjecte de la bienveillance envers soi-même. Elle permet de vivre ses émotions autrement.
Les techniques sophrologiques vont agir sur l’intensité des symptômes liés au stress, mais aussi permettre de mieux anticiper les situations d’épuisement.
Quels sont les exercices de sophrologie les plus simples et efficaces pour se détendre et se recentrer ?
Rien ne vaudra jamais la respiration consciente !
La respiration est notre pouvoir magique. Se concentrer sur sa respiration quelques minutes, voire quelques secondes, permet d’apaiser le mental et de se recentrer.
Je répète souvent à mes clients « si vous reprenez le contrôle de votre respiration, vous reprenez le contrôle de vos émotions ». Et tout devient plus clair.
Comment voyez-vous l’avenir des structures d’accueil pour personnes porteuses de handicap, en termes d’inclusion et de bien-être ?
Je suis sceptique. Outre le manque de structures, elles ne sont pas suffisamment pensées vers le bien-être. Encore trop gouvernées par une politique des objectifs à atteindre qui n’a ni queue ni tête.
Mais si je pouvais rêver, je rêverais de petites structures de type familial, tournées vers la nature, où le seul objectif à atteindre serait de permettre à la personne en situation de handicap d’être heureuse à sa manière.
Quelles actions concrètes peuvent être mises en place pour améliorer la qualité de vie des personnes en situation de handicap ?
Je crois qu’on améliorerait grandement leur qualité de vie si on respectait leurs vrais besoins. Sans vouloir leur apprendre sans cesse des règles sociales, qui n’ont pas de sens pour elles.
Pourquoi rester assis dans un coin tranquillement ne serait pas un besoin respectable ? Pourquoi faudrait-il qu’une personne en situation de handicap apprenne à manger avec des couverts, si elle est heureuse d’apprécier son repas avec les doigts ?
La seule chose sur laquelle on ne doit pas transiger, c’est l’acte violent qu’il soit envers autrui ou soi-même.
Dans quelle mesure la quête de sens est-elle intrinsèquement liée à l’existence humaine ?
Le bonheur peut-il être considéré comme un objectif universel et accessible à tous ? Est-il possible de trouver du sens à sa vie en dehors d’un état de bonheur permanent ?
Je crois que l’être humain est fondamentalement insatisfait. Il trouvera toujours quelque chose à redire. Dans la grande majorité. Vouloir aller plus loin dans ses actions, pensées, son chemin de vie. Peut-être est-ce lié aussi à cette « société de comparaison », dans laquelle on évolue.
J’ai envie de penser que le Bonheur est accessible à tous. Mais, le Bonheur, ça ne veut dire quoi ?
Je pense que le sens de la vie n’a rien à voir avec un état de bonheur permanent. Je pense que c’est en lien avec ce qui est juste pour nous, ce qui fait résonnance.
Entretien réalisé le 21 août 2024
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