Patrick Martinez nous parle de son livre Lui seul, publié chez Alma Editeur.
Patrick Martinez est originaire de Montpellier. Il vit et écrit à Paris.
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INTERVIEW
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? Parlez-nous des coulisses !
Je tenais à évoquer un drame d’une nature toute particulière. Le drame d’un enfant en train de voir la femme qui lui a donné la vie agir de façon à finir par la reprendre.
Quelle est la signification profonde du titre « Lui seul » ?
Mon éditrice, Laure Defiolles, a, je crois, une compréhension profonde, pour ne pas dire l’intuition, de ce que j’essaie d’atteindre par l’écriture. Ce titre, entre autres choses, c’est elle qui m’a amené à creuser en moi pour le trouver. Il résume, en deux mots, la radicale solitude face à laquelle nous sommes tous un jour ou l’autre confrontés.
Pouvez-vous nous parler du processus créatif derrière la construction du personnage de Gus, l’homme à tout faire de l’établissement, et de son rôle dans l’histoire ?
Gus est le personnage principal de ce roman. J’ai voulu explorer la détresse, le désemparement dans lesquels la mort du petit Léo, supplicié par sa mère, le plonge, et, au-delà, en quoi ce décès le ramène à ce qui lui a paru insensé au cours de sa propre existence, non seulement dans ses relations avec Jo, son frère aîné, mais aussi dans sa rupture avec Blanche, la seule femme qu’il ait jamais aimée.
Comment votre expérience personnelle influence-t-elle ce roman, et avez-vous incorporé des éléments autobiographiques subtils ?
Je préfère ne pas avoir à me poser ces questions. Les réponses, en effet, qu’elles pourraient m’apporter, risqueraient d’appauvrir la matière que je dois préserver de la lumière pour continuer d’écrire.
Votre livre pourrait être considéré comme un roman sur les difficultés de l’enfance, les retrouvailles et le sentiment que Gus a manqué quelque chose dans sa propre vie ? Pouvez-vous nous éclairer sur cette perspective ?
La seule chose que je puisse avancer sans craindre de me tromper est la suivante : ce livre tente d’échapper à la fascination que trop souvent suscite selon moi l’examen de la psyché du « bourreau », pour se tenir au plus près des pensées comme des sensations de Léo, l’enfant « victime », mais aussi de celles de Gus, un homme simple, à bout de souffle, et qui a eu le malheur, dans le cadre de son travail, de s’attacher à lui.
Comment votre écriture parvient-elle à susciter ces émotions chez les lecteurs ?
Peut-être – simple hypothèse – par ce qu’elle tait, passe sous silence, plutôt que ce qu’elle dit.
Quels sont, selon vous, les rôles et les responsabilités des écrivains dans la société d’aujourd’hui, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression et la diversité des voix?
En tant que romancier – et je ne parle qu’en mon nom -, je ne cherche qu’à rendre compte des émotions qui font, parfois en les élevant, vibrer mes personnages.
Entretien réalisé le 01 mars 2024
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